16 décembre 2013

L’histoire de Susie Hincks

J’étais convaincue que j’étais regardée, qu’il y avait une caméra dans ma salle de bain qui me filmait  et que les gens m’envoyaient des messages de menaces par des annonces à la télévision et à la radio. J’avais peur d’aller à l’extérieur pendant la journée. Je me suis effectivement coupée du reste du monde.

SusieOn a diagnostiqué chez Susie une schizophrénie quand elle avait 28 ans. Contrairement à de nombreuses personnes atteintes de schizophrénie, Susie n’a pas entendu des voix mais sa maladie lui apportait isolement et solitude, elle souffrait de paranoïa, de délire et de dépression. Cette maladie se manifestait aussi par un manque d’attention à son hygiène personnelle, une perte débilitante de motivation et un certain retrait du monde.
Bien sûr, ses parents ont tenté de l’aider. Ils l’ont emmenée voir deux médecins généralistes, où elle a été diagnostiquée comme dépressive, mais un manque de suivi n’a fait qu’exacerber le problème
De retour dans son appartement, socialement isolée, Susie faisait rarement la cuisine et ne se lavait pas. Les cigarettes sont devenues ses «meilleures amies». En fait, Susie dit elle-même qu’elle a perdu la plupart de ses «années de jeunesse» au cours de cette période dévastatrice.
Une rencontre avec un étranger suivie de la disparition de Susie pendant trois semaines a causé à sa famille une immense inquiétude. Elle fut retrouvée, errant dans les rues, par la police. Elle fut alors envoyée d’urgence chez un psychiatre qui réussit à l’aider grâce à la mise en place d’un plan de soins et de soutien.

J’ai eu un manque total de compréhension qui reposait sur le déni absolu de mon état. J’ai refusé de prendre mes médicaments, et ma maladie lentement, progressivement, a empiré. Fort heureusement, ma mère a rencontré un psychiatre consultant à « l’Association des Parents et Amis de la Maladie Mentale » Ce fut l’intervention décisive qui a conduit à mon entrée contre mon gré à l’hôpital Graylands – en fait sous escorte de la police.

Ayant été émotionnellement isolée de sa famille et coupée de ses amis depuis des années,  Susie était enfin dans un établissement où on prenait soin d’elle.

Mais, comme beaucoup de gens ayant une maladie mentale, j’ai refusé de prendre des médicaments. A Graylands, on m’a donné des comprimés que je mettais sous ma langue, puis crachais dans la salle de bain. Ce comportement est très banal. Les infirmières ont vite compris ce que je faisais donc on m’a donné des médicaments par injection. Ma mère est venue me voir tous les jours. Après quelques jours de traitement, elle ne pouvait pas croire le changement en moi – je pouvais m’asseoir avec elle et avoir une conversation correcte, quelque chose que je n’avais pas pu faire depuis des années! J’ai bien répondu au traitement: ma paranoïa et mes délires ont disparu et je me suis sentie plus motivée. Après des années de souffrance, j’ai passé cinq petites semaines à l’hôpital et je me suis retrouvée sur la voie de la guérison.

Maintenant je prends une faible dose d’un médicament appelé Abilify, un antipsychotique et antidépresseur.  Ce régime me maintient relativement stable. J’ai encore des problèmes avec les médicaments qui me rendent un peu faible, et mon manque de motivation, mais, par rapport à certaines personnes atteintes de maladie mentale qui ne répondent à aucun médicament, je me considère comme chanceuse.

Susie a le soutien de sa famille et de ses amis  et elle est un fervent partisan de la recherche comme un moyen de redonner l’espoir à ceux qui en ont besoin. Elle est totalement convaincue que l’éducation et l’humanisation sont primordiales dans la perception et l’évolution des acteurs de la maladie mentale et pour réduire la stigmatisation qui y est associée. Susie a passé beaucoup de temps ces dernières années à parler publiquement dans les universités, les écoles, les réunions communautaires et les forums sur la santé mentale. Elle a été l’un de avocats du consultatif des consommateurs à la Clinique Avro à Subiaco et est actuellement représentante des consommateurs pour le Centre de recherche clinique en neuropsychiatrie basé à l’hôpital.

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