Les lauréats
David Cohen est professeur à Sorbonne Université, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, membre de l’Institut des Systèmes Intelligents et de Robotiques (ISIR), et membre correspondant de l’Académie de Médecine. Il est également artiste plasticien.
Les recherches récompensées par le prix 2024 de la Fondation Halphen explorent les interfaces entre psychoses et développement, psychoses et maladies rares. Son équipe est pionnière dans l’utilisation de thérapeutiques d’exception chez les adolescents, en particulier en cas de syndrome catatonique ou de maladie organique associée.
La Fondation Philippe & Maria HALPHEN a remis, au sein de l’Académie des Sciences, le Grand Prix Halphen 2023 à Sonia DOLLFUS, Professeure des Universités – Praticien Hospitalier à l’Université Caen Normandie et au CHU de Caen, chercheuse au sein de l’unité Inserm 1237.
Pour ses travaux de recherche sur les symptômes négatifs, l’investigation des réseaux du langage en imagerie cérébrale et sur les thérapeutiques adjuvantes telles l’activité physique et la neurostimulation cérébrale chez les patients souffrant d’un trouble schizophrénique.
Professeur à l’université Mc Gill à Montréal. Directeur scientifique, Centre de recherche de l’Institut Douglas, Chef de psychiatrie, CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de- Montréal
Chaire de recherche du Canada Trouble dépressif majeur et suicide
Les travaux du Dr Turecki intègrent des approches diverses, y compris la recherche fondamentale, la recherche clinique et la recherche épidémiologique pour nous aider à mieux comprendre le risque suicidaire et ses psychopathologies sévères chez l’enfant et l’adolescent, tel que la psychose ou la dépression sévère.
Parmi les nombreux projets scientifiques proposés cette année, le dossier de Mathias Pessiglione méritait absolument le prix Philippe et Maria Halphen 2020. Les travaux de ce chercheur ont apporté des résultats importants pour l’avenir de la prise en charge des malades atteints d’affections psychiatriques. À l’aide de techniques de neuro-imagerie associées à des modèles mathématiques, ce chercheur a montré comment les différents éléments de la motivation (la valeur des objectifs, la confiance dans la réussite, la nécessité d’un effort, etc.) sont intégrés dans le cerveau de façon à guider le comportement de la personne. Ces avancées fondamentales l’ont conduit à développer des tests qui permettent de mieux caractériser les troubles motivationnels présents chez les patients, et donc de personnaliser leur prise en charge par des traitements mieux adaptés, notamment dans la dépression et la schizophrénie.
Mathias Pessiglione est Directeur de Recherche Inserm, Motivation, Brain & Behavior lab (MBB), Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM), Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. https://sites.google.com/site/motivationbrainbehavior/
Normalien et médecin, Raphaël Gaillard est professeur de psychiatrie à l’Université Paris Descartes et chef de pôle à l’hôpital Sainte Anne, pôle qui reçoit plus de 12 000 patients par an et comprend 5 services, avec une activité à la fois de secteur et de recours pour la prise en charge de pathologies résistantes. Il préside le Conseil National des Universités de psychiatrie ainsi que le Congrès de l’Encéphale, congrès qui réunit chaque année 4000 psychiatres au Palais des Congrès. Après une thèse de sciences sur les bases cérébrales de la conscience et un post-doctorat à l’université de Cambridge, il anime à l’Inserm et à l’Institut Pasteur des recherches combinant imagerie cérébrale et psychopharmacologie visant à mieux caractériser les propriétés des psychotropes. Au cours de ses travaux de recherche il a été amené à démontrer un accès inconscient à des attributs sémantiques des mots (Proceedings of the National Academy of Sciences, 2005 et 2006), ainsi que l’altération de traces mnésiques par des indices inconsciemment perçus (Cognition, 2018). Il a également caractérisé la perturbation de la prise de décision au cours de la transition psychotique, donnant lieu à publication en 2016 dans la première revue de psychiatrie, Molecular Psychiatry. Il a récemment publié avec Stanislas Dehaene un modèle de la schizophrénie considérée comme liée à une perturbation de l’accès à la conscience (Trends in Cognitive Sciences, 2017). Dans la continuité de son cursus rue d’Ulm, il étudie également la participation de processus inflammatoires aux troubles psychiatriques. Son approche est à la fois préclinique, au travers de l’étude de la microglie à l’Institut Pasteur, et clinique au travers de l’exploration systématique de pathologies auto-inflammatoires telles que la mastocytose et de la caractérisation des effets anti-neuroinflammatoires de la kétamine (Brain, Behavior and Neuroscience, 2019).
Directeur de recherche au CNRS / Professeur de psychologie Clinique et Psychopathologie à l’Université Victor Segalen Bordeaux 2, Directeur du laboratoire « Neuroimagerie et Vie quotidienne » Ecole Pratique des Hautes Etudes, les travaux de Joel Swendsen surmontent ces barrières par le biais des smartphones et d’autres technologies mobiles, adaptées à l’étude des interactions temporellement brèves et augmentant la validité écologique des observations.
Il a ainsi permis des découvertes majeures sur des mécanismes sous-tendant la dépression, le trouble bipolaire, la schizophrénie et les addictions.
Reconnu comme pionnier dans ce domaine, il compte plus de publications sur la faisabilité et la validité des technologies mobiles en psychiatrie que tout autre chercheur sur le plan international.
Pour ses travaux sur la schizophrénie et les troubles de l’humeur qui font entrevoir de nouvelles pistes de réflexions physiopathologiques et rapprocher ainsi immunité et psychiatrie.
Marion Leboyer est Professeur des Universités – Praticien Hospitalier à l’Université Paris Est Créteil – responsable du pôle de psychiatrie et d’addictologie des Hôpitaux Universitaires Henri Mondor – Directeur du laboratoire Inserm en psychiatrie translationnelle.
Pour ses travaux dans le domaine de la prise en charge précoce de patients avec dépression graves et /ou avec schizophrénie.
Le professeur Philippe Conus dirige le service psychiatrique du CHU Vaudois à Lausanne en Suisse.
Pour ses travaux sur les troubles cognitifs et émotionnels de la dépression.
Professeur des Universités et Praticien Hospitalier (PU-PH) du Groupe hospitalier Pitié Salpêtrière exerçant au sein du Service de Psychiatrie de Paris, Philippe Fossati a été récompensé pour ses travaux réalisés depuis plus de quinze ans sur les troubles cognitifs et émotionnels de la dépression.
L’objectif général de ses recherches est de définir à un niveau biologique les troubles mentaux, afin d’en faciliter le diagnostic et de proposer des nouvelles cibles et méthodes thérapeutiques adaptées aux besoins biologiques et physiologiques des patients. Ses recherches consistent essentiellement à utiliser de l’imagerie cérébrale (en particulier l’IRM fonctionnelle) pour diagnostiquer, suivre les effets des traitements et détecter des facteurs de vulnérabilité. Son activité scientifique s’inscrit dans la démarche de promouvoir en psychiatrie une médecine prédictive et personnalisée, en transférant rapidement aux patients les données issues des neurosciences. Tout au long de ses recherches, Philippe Fossati a contribué dans la dépression à la découverte de l’importance des troubles cognitifs en particuliers exécutifs ; des troubles de l’allocation des ressources attentionnelles sur le monde interne ou externe ; du rôle essentiel des structures médiales préfrontales dans la focalisation sur soi et ainsi dans la vulnérabilité à la dépression, la production des symptômes dépressifs et la réponse aux traitements antidépresseurs.
Pour ses travaux remarquables développés dans le domaine de la recherche neuroscientifique concernant les Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC).
Professeur de psychiatrie aux Hôpitaux Universitaires Henri Mondor et Albert Chenevier de Créteil, Professeur associé à l’Université de Genève, Luc Mallet dirige depuis 2008 une équipe de recherche à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM Inserm U1127) à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Il coordonne un ensemble de projets de recherche translationnelle visant à caractériser la physiopathologie des comportements répétés pathologiques chez l’homme dont le trouble obsessionnel compulsif.
Les travaux de Luc Mallet visent à identifier les processus de traitement de l’information au sein des ganglions de la base en relation avec la psychopathologie et à développer des thérapies innovantes pour des troubles sévères et résistant au traitement médical. Grâce à son expertise, les résultats obtenus par M. Luc Mallet permettent aujourd’hui de mieux comprendre comment les symptômes du TOC surviennent (combinaison des approches en psychologie expérimentale, en imagerie, en biologie chez l’homme et chez l’animal). Ses travaux mettent également en évidence, via une approche translationnelle, clinique et expérimentale, les moyens de mieux traiter la maladie grâce à l’exploration des mécanismes de traitements existants et leur optimisation. Enfin, pour compléter les dispositifs thérapeutiques, le programme de recherche récompensé suggère que le handicap du TOC pourrait être mieux combattu, en développant une approche au carrefour entre les neurosciences et l’anthropo-sociologie, en utilisant les nouveaux outils offerts par la technologie moderne pour optimiser les traitements, personnaliser la prise en charge et éviter l’isolement du patient.
Pour ses travaux de recherche sur la physiopathologie des maladies psychiatriques, avec une référence particulière pour la psychobiologie des émotions et le développement des fonctions mentales.
Marie-Odile Krebs est professeur des universités-praticien hospitalier à l’hôpital Sainte Anne.
Marie-Odile Krebs s’est engagée dans la recherche en psychiatrie biologique depuis le début de sa carrière. Elle s’est considérablement investie dans le développement de réseaux nationaux et internationaux et de plateformes de recherche sur le site de l’hôpital Sainte Anne, permettant de développer une recherche translationnelle bidirectionnelle. Cela lui a permis de constituer des cohortes cliniques enrichies d’explorations multiples, faisant appel aux différentes «omics» biologiques et à l’imagerie, en liaison avec la clinique et la cognition. Elle a établi des collaborations durables avec des généticiens, notamment avec le professeur Guy Rouleau à Montréal, conduisant à la publication d’articles très originaux ouvrant de nouvelles voies dans le champ de la schizophrénie. En collaboration avec Alain Prochiantz, elle a étudié les fonctions d’un gène qui maitrise la régulation de l’ouverture/fermeture de la période critique au cours du développement du système nerveux. Elle a montré le rôle de ce gène dans la maturation de comportements complexes (anxiété, interactions sociales) chez la souris. Enfin, elle est l’un des premiers chercheurs à avoir exploré l’hypothèse neurodéveloppementale de la transition psychotique en parallèle chez l’homme et l’animal, hypothèse qui est aujourd’hui l’une des principales pistes pour la compréhension de troubles psychiatriques, au-delà de la schizophrénie.
La Fondation Philippe et Maria Halphen qui a notamment pour but l’innovation et le progrès des connaissances et de la recherche scientifique dans le domaine des maladies mentales concernant en particulier les troubles bipolaires, la schizophrénie et la dépression résistante, a décidé de créer, en association avec l’Académie des sciences, le Prix Philippe & Maria Halphen.
L’Académie des sciences a décerné, le 25 novembre 2014, le Prix Philippe & Maria Halphen pour la recherche neuropsychiatrique sur les maladies mentales.
D’un montant de 15 000 euros, ce prix récompense cette année des travaux de recherche sur la physiopathologie des maladies psychiatriques, avec une référence particulière pour la psychobiologie des émotions et le développement des fonctions mentales.
Les membres de la commission scientifique sont : Yves Agid, Jean-François Bach, Raphaël Gaillard, Michel Le Moal, Yanne Norup, Jean Rossier, Norman Sartorius.